analyse culturelle et études de genre / art, mythes et images

groupe de recherche coordonné par anne creissels et giovanna zapperi
docteures de l'ehess, chercheures associées au cehta

contact : annecreissels(at)orange.fr g.zapperi(at)gmail.com

séance du vendredi 13 mars 2009


Camille Paulhan, doctorante en histoire de l’art, Paris I – CIRHAC, camille.paulhan(at)netcourrier.com

« Annette Messager face à la critique : glissements, mimétisme, rejets »

"Je n’avais pas de titres, je m’en suis donné." En 1971, Annette Messager, "dévaluée parce que femme", décide de s’inventer une série d’alter-egos, doubles de l’artiste créant en son nom, chacun ayant sa personnalité propre inventée par elle. D’ "Annette Messager artiste" à "Annette Messager amoureuse" en passant par "Annette Messager colporteuse", elle va ainsi se constituer une personnalité d’artiste ambiguë, revendiquant tantôt ces appellations comme part d’elle-même, mais réfutant leur caractère autobiographique. 

Parallèlement à ce travail de nomination, la critique va jouer un rôle ambivalent, opérant des glissements de sens entre alter-egos et figure de l’artiste, agissant par mimétisme vis-à-vis du discours de Messager, lui inventant toujours plus de doubles. Puisant dans le vocabulaire de l’artiste, une part de la critique va escamoter le discours sur l’œuvre afin de lui substituer des analyses pour le moins discutables. 

J’aimerais présenter ici la relation de l’artiste avec la critique, avec laquelle elle cultive des liens ténus : par le biais de nombreux entretiens, elle s’est à plusieurs reprises exprimée sur la manière dont son œuvre avait été reçue. Tantôt s’accommodant de la critique, qui lui permettait de se constituer toujours plus d’alter-egos et ainsi de brouiller les pistes, tantôt reniant les considérations parfois déplacées de la critique, elle a à la fois alimenté la critique et constitué, sans le vouloir, une figure d’artiste particulièrement fragmentée. 

Annette Messager, Mes Trophées, 1986