analyse culturelle et études de genre / art, mythes et images

groupe de recherche coordonné par anne creissels et giovanna zapperi
docteures de l'ehess, chercheures associées au cehta

contact : annecreissels(at)orange.fr g.zapperi(at)gmail.com

séance du vendredi 13 février 2009


Marine Rochard, doctorante en histoire de l'art, Université François Rabelais de Tours, laboratoire InTRu (Interaction, Transfert, Rupture artistique et culturelle), marine.rochard(at)orange.fr

« Réseaux artistiques et moyens de visibilité en France après la Seconde Guerre Mondiale (1944-1960). Deux exemples de stratégies : Francis Picabia – les Points / Georges Mathieu – la peinture-spectacle »

L’étude des moyens de visibilité mis en oeuvre par les artistes après la Seconde Guerre Mondiale vise à déterminer les enjeux de cette période d’un point de vue à la fois esthétique, marchand et sociologique. Le contexte culturel foisonnant de la période 1944-1960 fait de cette notion de visibilité un point important - sinon central - du travail de l’artiste qui conditionne à la fois la réception de l’oeuvre et la réputation du créateur. Ce projet s’oriente donc vers un examen essentiel des modalités de réception de l’oeuvre, ainsi que vers un recensement des figures centrales de l’environnement artistique parisien, comme les critiques et les marchands, qui jouent un rôle actif dans la visibilité de l’art et des artistes. Nous devrons alors identifier les réseaux et mécanismes relationnels qui participent de la visibilité et de la reconnaissance du créateur et de son oeuvre, tout en nous interrogeant sur le rôle social de l’artiste. Nous aborderons à ce propos la question d’un système triangulaire comprenant les différents stades de la vie de l’oeuvre : production, promotion et réception, personnifiés par l’artiste, le marchand et / ou le critique et le public.

L’étude de la visibilité constitue un projet hybride entre l’histoire de l’art et la sociologie qui s’intéresse tant à l’oeuvre en tant qu’objet, qu’à l’artiste, qu’il soit une personnalité indépendante ou membre d’un groupe. Ce projet propose ainsi une mise en lumière des différents acteurs de l’art et de leurs relations, une identification et un traçage des circuits commerciaux et des outils de communications utilisés par le milieu culturel. La priorité donnée au contexte artistique français n’exclura pas pour autant des parallèles avec les situations étrangères qui peuvent nous fournir des éclaircissements.

Les stratégies de communication des artistes dans les années cinquante annoncent ce qui deviendra plus tard partie prenante de la création, c’est-à-dire l’oeuvre d’art conçue comme un produit de consommation et la prolifération des artistes multi-facettes, capables d’assumer le parcours de l’oeuvre de sa réalisation jusqu’à sa réception en passant bien entendu par la promotion et la légitimation. La période d’euphorie des années cinquante démontre plus que jamais que tout s’achète et tout se vend, surtout l’art, devenant un excellent objet de placements financiers.

Robert Descharnes, Georges Mathieu lors de son exposition chez Sam Kootz, New York, 1955