analyse culturelle et études de genre / art, mythes et images

groupe de recherche coordonné par anne creissels et giovanna zapperi
docteures de l'ehess, chercheures associées au cehta

contact : annecreissels(at)orange.fr g.zapperi(at)gmail.com

séance du vendredi 12 décembre 2008


Jérôme Bazin
, doctorant à l’Université de Picardie Jules Verne, bazin.jerome(at)wanadoo.fr

Marie Frétigny, doctorante, moniteur à l'Université de Picardie, marie.fretigny(at)gmail.com

« Réalismes et gender dans la peinture du vingtième siècle »

La séance cherche à présenter les interrogations qui ont conduit à l’organisation de la journée d’études qui aura lieu le 20 mars 2009 à l’université d’Amiens et qui porte sur la question des différences sexuelles dans l’art réaliste du vingtième siècle.

Au siècle de l’abstraction, du surréalisme ou des performances, faire des peintures réalistes est une prise de position (rarement exclusive cependant). Malgré l’évidente diversité de ce courant au vingtième siècle (réalisme magique, réalisme socialiste, réalisme radical, hyperréalisme, etc), on y retrouve cette brutalité avec laquelle le réalisme pose le problème du lien entre la réalité et sa représentation. À travers cette brutalité, l’œuvre réaliste cherche à être en prise directe avec la réalité et à la modifier ; comme le note Linda Nochlin le réalisme se caractérise par la volonté d’être de son temps et dans son temps.

Or les questions de genre occupent une place centrale dans cette réalité qu’affrontent les œuvres réalistes, à l’heure où les différences sexuelles sont politiquement instrumentalisées ou au contraire remises en cause. Beaucoup d’historiens et d’historiennes d’art qui ont posé la question du genre dans cette discipline se sont d’ailleurs appuyés sur l’étude du réalisme (Linda Nochlin, Griselda Pollock, Edward Lucie-Smith, etc). S’interdisant de déformer les corps et leur environnement, le réalisme place le désir au centre de la relation entre le spectateur et l’œuvre ; dans cette dynamique du désir, les rapports entre les sexes tels qu’ils apparaissent dans la société peuvent être entérinés et/ou troublés. Ce qui nous intéresse, c’est de comprendre l’affinité historique entre la question du réalisme et la question du genre, une réflexion sur le genre semblant nourrir les questionnements autour du réalisme, tandis que les œuvres réalistes apparaissent comme un des lieux privilégiés où s’expriment les enjeux du gender.

Lors de la séance seront présentées les cinq sections qui composeront la journée d’études : le début du siècle et le questionnement du genre, l’entre-deux-guerres et la crispation des identités sexuelles, le cas de la peinture communiste, le genre dans l’art de la société de consommation des années 1950-1960 et enfin les ambiguïtés du genre à l’heure du féminisme.

Antonio Donghi, L'Attesa, 1933. huile sur toile, 116 x 67 cm

Kurt Klinkert, Meisterin Lohan, 1979, Akademie der Kuenste