analyse culturelle et études de genre / art, mythes et images

groupe de recherche coordonné par anne creissels et giovanna zapperi
docteures de l'ehess, chercheures associées au cehta

contact : annecreissels(at)orange.fr g.zapperi(at)gmail.com

séance du vendredi 28 novembre 2008


Benoît Buquet, doctorant et chargé de cours en histoire de l'art contemporain à l'Université Paris 10 - Paris Ouest Nanterre La Défense, benoitbuquet(at)gmail.com

« Art, graphisme et féminisme à Los Angeles autour de Sheila Levrant de Bretteville »

En 1973 l’ouverture du Woman’s Building de Los Angeles apparaît comme l’un des premiers exemples de structures culturelles féministes d’envergure. Aboutissement du militantisme contestataire et des expériences d’enseignements féministes à l’œuvre en Californie depuis la fin des années 1960, il est fondé par l’artiste Judy Chicago, l’historienne de l’art Arlene Raven et la graphiste Sheila Levrant de Bretteville. Les interactions entre les différentes disciplines contribuent à l’effervescence créative qui s’en dégage. 

Mon analyse s’intéresse plus particulièrement au graphisme, composante essentielle à l’écriture d’une histoire de l’art élargie. Le parcours singulier de Sheila de Bretteville amène à s’interroger sur l’existence d’un design graphique féminin. Les réflexions et les expérimentations menées par la graphiste conduisent à différentes propositions visuelles comme la création d’un nouveau symbole identitaire ou la mise en place d’un système de communication non hiérarchique ouvert aux expériences relationnelles et participatives. À l’heure où le modernisme ne semble plus offrir de prise suffisante à l’expression d’une réalité fragmentée, Sheila de Bretteville tente une redéfinition du graphisme avec ce besoin impérieux d’être à l’écoute de ceux qui n’ont pas été entendus. 

L’ exposé propose de revenir sur ce travail (article paru dans le numéro 63 de la revue Histoire de l’art, pp. 123-132), de l’agrémenter de nombreux matériaux iconographiques et d’en élargir la portée afin de pouvoir s’interroger ensemble sur les objets et l’efficience des outils de l’histoire de l’art et du graphisme qui, dans le sillon de la seconde vague féministe, n’a de cesse d’être traversée par la question de l’altérité.

Sheila de Bretteville, affiche de la conférence Women in Design, diazotype, 1975