analyse culturelle et études de genre / art, mythes et images

groupe de recherche coordonné par anne creissels et giovanna zapperi
docteures de l'ehess, chercheures associées au cehta

contact : annecreissels(at)orange.fr g.zapperi(at)gmail.com

séance du vendredi 12 janvier 2007


Claire Fristot, doctorante à l’EHESS, graphiste/vidéaste, claire.fristot(at)neuf.fr

« Où sont passées les mères de l'art vidéo ? »

Cet exposé s'inscrit dans un projet de recherche sur les premières femmes artistes utilisant la vidéo telles que Eleanor Antin, Joan Jonas, Shigeko Kubota ou bien encore Ulrike Rosenbach. L'étude des sources relatives aux premières artistes femmes vidéastes aux États-Unis et dans leur réception française nous permet de voir que celles-ci ont souffert d'un cruel manque de visibilité dans la construction du mythe fondateur de l'art vidéo, lié essentiellement à Nam June Paik, Peter Campus ou encore Bill Viola.

Si les femmes ont oeuvré aux côtés des hommes aux débuts de l'art vidéo, tels qu'en témoignent les catalogues d'exposition des années 70, l'histoire de l'art n'en a pas retenu les noms et encore moins les oeuvres, dont nombre n'ont jamais pu être visionnées d'un côté ou de l'autre de l'Atlantique. De même les écrits sont peu nombreux et non traduits en français.

Pourtant, la vidéo fut sans doute un des premiers terrains artistiques égalitaires pour les femmes et les hommes artistes, et un médium émancipateur à travers lequel les femmes développèrent une forte problématique identitaire, interrogeant leur image dans le moniteur vidéo et leurs représentations dans la société.

À ce propos les expositions Women the first Generation 1970-1975 organisée entre 1993 et 1995 par Joann Hanley aux Etats-Unis, la section Bad Girls Video dirigée par Cheryl Dunye dans le cadre de l'exposition Bad Girls à la même période en Europe et à New York, ou bien encore Hers, video as a female terrain, organisée en Allemagne et commissionnée par Stella Rollig, nous sont d'une aide précieuse.

De nombreuses questions de recherche sont à ouvrir, en interrogeant directement le médium et ses pratiques ainsi que les oeuvres de ces artistes, tout en en redessinant les liens vers les mouvements politiques et féministes. Une étude qui entreprendrait cette recherche, en affirmant leur présence dans ce médium et non en les y enfermant, permettrait de formuler des propositions pour rejouer les débuts de l'art vidéo, dans un mouvement de flux à l'image de ce médium, participant à réinscrire les femmes dans une histoire longue et mixte des images.

Extrait de la vidéo The Ballerina and the Bum d'Eleanor Antin, 1974