analyse culturelle et études de genre / art, mythes et images

groupe de recherche coordonné par anne creissels et giovanna zapperi
docteures de l'ehess, chercheures associées au cehta

contact : annecreissels(at)orange.fr g.zapperi(at)gmail.com

séance du vendredi 26 janvier 2007


Mélanie Perrier, docteure de l’Université Paris 1-Panthéon Sorbonne en arts plastiques, melanieperrier(at)free.fr

« La Relation à l'autre selon Félix Gonzalez-Torres et François-Xavier Courrèges ou comment poser l'homosexualité comme paradigme esthétique »

Au cours de ces vingt dernières années, le régime de représentation des sexualités en art a suivi les bouleversements sociaux pour s'affirmer peu à peu vers des esthétiques propres. Plus particulièrement le traitement de l'homosexualité depuis vingt ans est assez symptomatique de l'élargissement de la "politique sexuelle" dans l'art. Son traitement a accompagné les mutations et bouleversements sociaux, des constructions sociales des sexualités aux affirmations identitaires en passant par la déconstruction des préceptes patriarcaux par les artistes femmes. Ainsi a t-elle permis d'aborder les questions politiques liées au désir, au genre et à la maladie.

Toutefois, il ne s'agira pas ici de dresser un panorama des mutations de sa représentation, mais plutôt de voir comment à travers la pratique de deux artistes contemporains (l'un américain Félix Gonzalez Torres et l'autre français François Xavier Courrèges), l'homosexualité est devenue le fondement d'une esthétique à part entière, modèle d'une "vie partageable". Loin d'un militantisme auto-référent, l'imagerie qu'ils mettent en œuvre s'ancre alors dans la relation à l'autre, échappée de la différence sexuelle pour se recentrer sur la figure du couple absolu. Les mécanismes de la relation à l'autre s'exposent alors à même le corps. Désormais vecteur de la "relation pure", la sexualité s'immisce comme indice et poursuite de son identité dans la relation.

Félix Gonzalez Torres, Untitled (Perfect lovers), 1987-1990



Fabienne Dumont, historienne de l’art, chargée de cours à Paris 1-Panthéon Sorbonne et responsable du catalogue raisonné des œuvres de Anna-Bergman pour la Fondation Hartung-Bergman, fabienne.plume(at)free.fr

« Femmes, art et féminismes dans les années 70 en France : état des lieux d’un entre-deux mai au féminisme créateur »

Cette présentation est basée sur ma thèse, menée sous la direction de Laurence Bertrand Dorléac et intitulée "Femmes et art dans les années 1970 - ‘Douze ans d’art contemporain’ version plasticiennes -Une face cachée de l’histoire de l’art - Paris, 1970-1982" - terminée en septembre 2003 et soutenue en mars 2004. Les revendications féministes des années 70 étaient basées sur une lutte contre des discriminations liant privé et public (un des mots d’ordre étant: "Le privé est politique"). En France, elles s’inscrivent entre deux événements majeurs: la révolte de mai 68 et l’arrivée au gouvernement de la gauche avec l’élection de François Mitterrand en 1981, prenant en compte tous les événements du Mouvement de Libération des Femmes.

Après avoir situé le contexte artistique dans lequel elles évoluaient - à l’aide des chiffres que j’ai établis (allant de la place des femmes à l’école des Beaux-Arts, dans les revues et collections publiques aux manifestations internationales), et rapidement évoqué les caractéristiques des groupes de plasticiennes créées entre 1972 et 1978 (notamment Féminie-Dialogue, La Spirale, Femmes en lutte, Collectif Femmes/Art, Art et Regard des femmes, Sorcières), nous nous attacherons à des œuvres clefs permettant de cerner diverses formes d’identification féministe et de déconstruction des normes.

Toutes les plasticiennes choisies questionnent les constructions identitaires sexuées et la place des femmes dans la société, en employant des matériaux issus d’une transmission entre femmes ou en s’appropriant ceux utilisés en art contemporain.

J’ai retenu trois thématiques: vie privée et matériaux issus de l’apprentissage féminin (Raymonde Arcier et Annette Messager); art et corps ou la libération des normes par les performances (Françoise Janicot, Orlan et Nil Yalter); enfin espace public et langage, un travail de déconstruction du regard (Léa Lublin et Tania Mouraud).

Françoise Janicot, Encoconnage, 1972, performance