analyse culturelle et études de genre / art, mythes et images

groupe de recherche coordonné par anne creissels et giovanna zapperi
docteures de l'ehess, chercheures associées au cehta

contact : annecreissels(at)orange.fr g.zapperi(at)gmail.com

séance du vendredi 14 mars 2008


Gloria Morano, M2 Université Paris I Histoire et Patrimoine du Cinéma, comunquesia(at)yahoo.com

« Le voyeurisme selon Stephen Dwoskin : la subjectivité féminine à travers le regard masculin »

À l’été 2004 un texte de Stephen Dwoskin (né à New York en 1939) est publié dans la revue Trafic. Dans son article, "Réflexions, le moi, le monde, les autres, comment cet ensemble se fond dans les films", le cinéaste américain définit son cinéma comme une investigation sur lui-même, capable de créer un effet miroir sur le spectateur.

Cet article souligne en effet la prédominance d’une valeur subjective et identitaire dans le travail cinématographique de Dwoskin. La méditation autour de soi et l’expression de l’individualité devient, paradoxalement, un moyen privilégié pour impliquer le spectateur, par le biais d’un effet miroir, et lui donner la possibilité de s’interroger sur lui-même. Dans ses œuvres, Dwoskin développe un processus de mise en valeur des ressemblances émotionnelles et perceptives et de partage des désirs et de l’intimité avec le public. Se crée ainsi un dialogue, presque purement visuel, avec le spectateur, basé, à la fois sur la manifestation et le partage de la subjectivité du cinéaste, afin d’élaborer un sentiment d’humanité.

Les premiers courts métrages de Dwoskin, tournés dans les années 60 et 70, travaillent l’utilisation de la caméra subjective et la figure du regard caméra de la part des actrices protagonistes. Plusieurs stratégies de frustration du regard mettent ainsi à mal le concept de voyeurisme.

En s’appuyant sur le texte fondamental de Laura Mulvey, "Pleasure and Narrative Cinema", et sur son enrichissement introduit par Paul Willemen dans l’essai The Forth Look, on montrera la singularité du travail filmique de Dwoskin autour de la représentation du corps féminin et la particularité que l’implication du spectateur, dans une perspective d’études de genre, acquiert à l’intérieur de ce processus de frustration du regard.

Extrait du film Alone de Stephen Dwoskin, 1963, États-Unis, 16mm, sonore, noir et blanc, 13'