analyse culturelle et études de genre / art, mythes et images

groupe de recherche coordonné par anne creissels et giovanna zapperi
docteures de l'ehess, chercheures associées au cehta

contact : annecreissels(at)orange.fr g.zapperi(at)gmail.com

séance du vendredi 28 mars 2008


Maria José Justino, post-doctorat, mariajosejustino(at)uol.com.br

« Les femmes dans l’art : Frida Khalo, Lygia Clark, Maria Cheung, Maria Martins et Niki de Saint Phalle (1943-1997) »

Au Brésil, les études sur la femme-artiste qui cherchent la singularité de la création féminine sont encore timides. "Le Brésil est réfractaire à la discussion sur la différence de l’eido de l’art: femme, homme, noirs, indiens, japonais, juifs, musulmans, homosexuels, colonialisme interne, pluralité culturelle, structure de classe. En ce sens, le système de l’art brésilien n’est pas politiquement incorrect, mais anti-démocratique" (Herkenhoff : 17). Le Brésil donne l’impression d’être une nation multiculturelle, sans contradictions, dont le présupposé est celui d’être un laboratoire de civilisation. L’idée de "métisse" apparaît comme synonyme d’une démocratie raciale. Or, cette idée hégémonique d’adaptation culturelle a escamoté les contradictions et, plus récemment, la problématique du genre.

La femme n’est pas omise dans l’histoire de l’art brésilien, mais elle n’est pas travaillée dans sa spécificité de femme-artiste. Les études qui existent des historiens, sociologues et anthropologues sont plutôt sur la femme en général, mais pas sur la femme-artiste. Il y a des groupes qui travaillent sur la femme et le genre, en particulier le centre PAGU (Campinas, São Paulo), mais très peu de ces études sont dédiées à la femme-artiste.

Notre travail se consacre à cinq femmes artistes qui ont acquis une popularité peut-être encore plus grande grâce à leurs postures face à la société – indépendantes et défiantes – que par l’art qu’elles ont produit, en particulier les quatre qui ont traversé la première moitié du XXème siècle: Khalo, Maria Martins, Lygia Clark et Niki de Saint Phalle. Notamment, Khalo est davantage connue comme l’épouse de Rivera, l’amante de Trotsky, une femme lesbienne etc., que comme artiste.

Il s’agit d’élaborer une discussion sur la spécificité (ou son absence) d’une expression typiquement de genre: le faire féminin dans l’art ou la possibilité d’identifier un regard féminin dans l’art. Il nous importe de travailler en nous éloignant de la conception essentialiste, en adoptant un regard historique et culturel: "On ne naît pas femme: on le devient" (Simone de Beauvoir). Travailler aussi ce sujet en le situant dans le rapport de la particularité de chaque artiste avec son temps, de l’affirmation de la femme par l’exercice de l’art, pas forcément par un discours d’engagement féministe, mais plutôt en analysant leurs langages propres, leurs poétiques, à partir d’une œuvre-phare choisie. Dans cette présentation, je parlerai essentiellement de l’œuvre de Lygia Clark: La Maison est le Corps.

Lygia Clark, La Maison est le Corps: Labyrinthe, 1968, structure de 8 mètres de long