analyse culturelle et études de genre / art, mythes et images

groupe de recherche coordonné par anne creissels et giovanna zapperi
docteures de l'ehess, chercheures associées au cehta

contact : annecreissels(at)orange.fr g.zapperi(at)gmail.com

séance du vendredi 14 janvier 2011


Judith Ferlicchi, historienne de l'art, judithferlicchi(at)hotmail.com

« (…) Amrita Sher-Gil la mystérieuse petite princesse Hindoue qui est en voie de devenir un grand peintre et qui alors le sera. »
(1)

En 1933, Amrita Sher-Gil a vingt ans, vit à Paris avec son père, indien, sa mère, hongroise et sa sœur. Elle étudie à l’école nationale des Beaux-Arts depuis 1929 mais en 1934 elle décide de retourner en Inde, motivée par l' "intérêt pour son développement artistique" mais aussi par sa prise de conscience de son altérité.

Dans sa riche correspondance, elle n’eut de cesse de commenter les raisons de ce retour, des raisons qui paraissent a posteriori évidentes en regard de l’évolution de son œuvre. Mais à partir de portraits photographiques et d’exemples choisis parmi ses tableaux nous tenterons de comprendre pourquoi elle s’est tant expliquée, pourquoi elle a souvent du justifier ce choix, ses choix ? Pourquoi, alors qu’elle était au cœur des avant-gardes, elle eut ce désir d’Inde ? Baignée dans une culture artistique eurocentrée, quel fut son regard sur la société indienne ? européenne ? Y eut-il transition et comment s’opéra-t-elle ?

Son projet artistique fut brutalement interrompu en 1941, alors qu’elle décéda dans sa vingt-neuvième année. Pourtant, Amrita Sher-Gil fut très tôt considérée comme une figure majeure de la modernité artistique indienne et aujourd’hui sa personne ainsi que son œuvre sont entourés d’une aura toute particulière. Aussi, cette présentation interrogera l’image qu’elle a elle-même véhiculée et la formation de son identité d’artiste femme ainsi que ses résonances dans les problématiques de l’art moderne indien. Finalement, Amrita Sher-Gil est-elle [devenue] "un grand peintre" ?

Amrita Sher-Gil dans son atelier, 1937

(1) Extrait d’une lettre en français d’Amrita Sher-Gil à Denise Proutaux en 1933.