analyse culturelle et études de genre / art, mythes et images

groupe de recherche coordonné par anne creissels et giovanna zapperi
docteures de l'ehess, chercheures associées au cehta

contact : annecreissels(at)orange.fr g.zapperi(at)gmail.com

séance du vendredi 18 juin 2010


Amandine Gorse
, doctorante contractuelle, Paris Ouest Nanterre La Défense, gorse.amandine(at)hotmail.fr

« La couleur, ventriloque des émotions au siècle des Lumières »

À la fin du XVIIe siècle, Philippe de Champaigne définit la couleur par rapport au dessin. La couleur est alors ce qui fait référence aux émotions car elle possède la propriété de toucher le cœur. Le dessin, au contraire, exprime la raison et devient le garant, dans les arts, du pouvoir royal. Lorsqu’il ne s’agit plus d’exprimer l’État et ses valeurs à travers les arts, la couleur se fait plus sensible et prend une signification particulière. Les théoriciens du siècle des Lumières vont reprendre ce principe et tenter de définir sa valeur et ses effets. Pour les uns, elle va devenir l’expression d’une sensibilité qui échappe à toute règle, pour les autres, elle composera l’âme de la peinture, car seule la couleur permet d’exprimer le vrai : "c’est le dessin qui donne la forme aux êtres ; c’est la couleur qui leur donne la vie. Voilà le souffle divin qui les anime" (Denis Diderot, Essais sur la peinture, Paris, 1795).

On verra que la couleur constitue le mode d’expression d’une sensibilité dissimulée au regard dans les toiles destinées au Roi et à son entourage, notamment à travers l’exemple des décors peints du Petit Trianon de Versailles (1769) mais aussi celui des Salons de 1798 et 1799. Quelle fut la réception d’une telle pratique par les critiques d’art officiels ? Comment les écrits issus de la presse féminine se positionnent par rapport à ces définitions de la couleur ? Est-ce que la couleur s’adresse avant tout à la femme ?

Adonis changé en anémone, Nicolas-Bernard Lépicié, 1769, huile sur toile, 88 x 140 cm, Versailles, Petit Trianon, salon de compagnie.


Jean-Loup Korzilius, Maître de Conférence en Histoire de l'art, Université de Besançon, jean-loup.korzilius(at)univ-fcomte.fr

« Que sont devenues les allégories de la Peinture et de la Couleur ? »

Curieusement, l'histoire des représentations allégoriques de la peinture reste encore à écrire. Thème quasi obligatoire pour tout peintre de l'époque classique, mais disparaissant très vite au cours du XIXe siècle, elles n'ont suscité que très peu d'analyses et - forcément - encore moins de réflexions de type 'genders'. Or il y de la matière pour cela, car l'allégorie de la Peinture et, sa variante, l'allégorie de la Couleur, outre leur destin iconographique particulier, surprennent aussi en ce qui concerne leur association à un genre précis.

Il s'agira donc de verser des éléments à un dossier encore à constituer, et de proposer des pistes de réflexion sur la métamorphose de la "représentativité" de la peinture et la couleur à l'époque contemporaine où la question du genre se pose apparemment de façon beaucoup claire.

Cercle de Chevreul